jeudi 9 février 2012

Caballito s'éveille (en français dans le texte)

Vu que Celia donnait chez nous un cours à de jeunes avocats francophiles on ne peut plus matinaux, j'ai fait faux bon à mon fauteuil cerné de livres et suis allé prendre mon petit-déjeuner à la terrasse de la Tolva, dans la fraicheur agréable laissée en souvenir – quelle prévenance! – par cet orage tropical qui a duré toute la nuit.

Je me suis mis à lire à haute voix le manuscrit du Bergstamm pour traquer les virgules boiteuses et ça m'a fait plaisir, tout d'un coup, de mêler ma voix remplie de français à ce Caballito en train de se sortir des plumes, avec ses odeurs de jasmin bon marché, de vanille, de musc et de pots d'échappement.

Un petit chien noir est venu se coucher sous ma table et n'a plus bougé une oreille. En m'apportant l'addition, la serveuse m'a demandé s'il était à moi: j'avais même oublié qu'il était là. Elle a vérifié s'il respirait encore – oui, il respirait – et puis elle a décrété qu'il était certainement venu se coucher là parce que c'était un coin bon chaud.

Moi, je m'étais dit qu'on avait certainement déjà fait les quatre-cents coups ensemble, une fois ou l'autre, et qu'il m'avait reconnu.