jeudi 5 avril 2012

Ecouter encore un peu mieux

– C'est par où la queue pour faire renouveler son visa de touriste?

– Vous avez pris un numéro?

– Non...

– Alors il va falloir repasser lundi. Essayez de venir assez tôt, genre vers les 7h30, parce que, les numéros, ils en donnent que 50.

– Mais, tu vois, ma femme est enceinte et, pour elle, c'est quand même un peu...

– Vous pouvez toujours aller voir à l'autre guichet, là-bas.

On traverse l'immense hangar du service de l'immigration, à côté de ce port où notre cargo avait accosté un beau soir de décembre.

– Pardon, une petite question: pour renouveler notre visa de touriste?

– T'as un numéro?

– Non, mais le type là-bas m'a dit que comme ma femme était enceinte...

– Bon, ok...

On pose nos beaux passeports sur le comptoir.

– Non, pas toi, seulement elle. Déjà qu'on n'a pas le droit de faire passer les gens sans numéro, je veux pas me faire engueuler...

Une fois payés les 300 pesos à la caisse l'autre bout du hall rempli de voix et de queues diverses, Celia s'assied sur une chaise de bureau oubliée là, sur le bord des rangées de sièges, juste à côté du dernier guichet, en attendant que les signatures et les tampons soient dûment apposés.

En tendant un peu l'oreille, on apprend que, dans le cas d'une demande de résidence permanente – ce qu'on va faire d'ici peu grâce à la venue de Crevette –, eh bien non, on n'a pas besoin d'avoir un visa à jour... Heureusement que la fonctionnaire compréhensive mais pas trop n'a pas voulu me prendre mon passeport: on a finalement perdu 300 pesos à la place de 600.

Leçon numéro 1: Un poil de cinoche à l'argentine, ça marche aussi avec l'administration.

Leçon numéro 2: Écouter encore mieux ce que nous disent les gens, souvent beaucoup mieux avisés qu'ils n'en ont l'air de prime abord. Quand le premier type nous a dit non, on aurait dû en profiter pour nous renseigner un peu plus au lieu de prendre les choses si personnellement et de ne voir dans son refus qu'un obstacle dressé en travers du cours prévu de nos projets administratifs: avec encore un peu plus d'attention au monde, on aurait encore pu économiser 300 pesos...