jeudi 10 mai 2012

Suédoise par sa mère

Vu qu'en général, dans ces contrées de la bricole généralisée, l'administration a une fâcheuse tendance à tordre le bâton dans l'autre sens et à suspecter derrière le moindre chiffre de travers une tentative de fraude en puissance, cette Celia devenue soudainement suédoise – suiza, sueca, ici, c'est un peu comme chilienne et colombienne chez nous: c'est du pareil au même – n'allait pas manquer de générer, dans le meilleur des cas, quelques bonnes heures de démarches supplémentaires.

Alors, après consultation téléphonique avec Marcela, la sage-femme à l'origine de la suédoisité de ma tendre épouse, j'en ai profité d'être encore sur place pour me dépêcher de faire appel au médecin-chef du département d'obstétrique de la Suizo-pas-Sueco-Argentina dans le but de rétablir cette erreur malheureuse, là, au bout de la troisième ligne de cette vague photocopie qui fait office, si on en croit son titre, d'Acte de Naissance, photocopie remplie à la main, pliée en quatre et glissée gentiment dans ma poche par la susnommée sage-femme qui s'est empressée de me demander si on pourrait pas régler tout de suite, oui, ça serait plus simple, comme ça je vous dérange plus après, cette histoire des 350 pesos de "viatique" – Swiss Medical, à ce qu'il paraît, paie tard et mal – dont il avait été question pendant le dernier cours de préparation à l'accouchement, ma poche au fond de laquelle Marcela a dû se servir elle-même, oui, vas-y, le compte est bon, étant donné que je tenais Lucie, à peine sortie du ventre de sa Suédoise de mère, dans mes bras depuis au grand maximum trois minutes.