mardi 30 avril 2013

On repassera, tu sais

Si Adolfo sonne, il va réveiller Lucie, alors je descends pour l’attendre devant la porte. Juan est en train de nettoyer les coulures laissées par les peintres.

— Comment ça va?

— On est en train de préparer le départ... Dans dix jours on est loin?

— Vous allez où?

— En Suisse, dans notre pays.

— Et vous revenez quand?

— On revient pas, on reste là-bas...

— Ah oui, c’est vrai?

— Ben ouais. Ça fait déjà six ans qu’on est là.

— Là: là?

— Oui, dans cet appartement, six ans et trois mois pour être précis.

— C’est que vous allez nous manquer. Vous avez été des locataires super: jamais eu même un tout petit problème...

— Vous aussi!

Je le serre dans mes bras très fort, longtemps, et puis je fais un pas en arrière.

— C’est qu’on s’habitue...

Il a les yeux pleins de larmes et sort un mouchoir. Ma tristesse n’est pour maintenant: c’était avant, ça sera pour après.

— Mais on repassera, tu sais: on a une fille Argentine, faut pas oublier ça!