mercredi 19 juin 2013

Le chauffeur n’a plus de tête

Une limousine passe le portail illuminé du palace, s’engage sur la route escarpée entre les mélèzes en direction de la plaine. Percussions très fines, suspendues dans la nuit, rythme effleuré. Deux fourgons noirs sont arrêtés en travers d’un virage en épingle à cheveux, tous leurs feux orange clignotent: la limousine va s’encastrer dans la falaise.

La porte latérale du fourgon s’ouvre: une mitrailleuse crache à bout portant dans le pare-brise blindé qui s’effondre. Le chauffeur n’a plus de tête. Une femme descend du fourgon d’un pas souple, sportif, son long manteau noir tourne autour de son gilet pare-balles. Elle se dandine au rythme de la batterie – dépouillé, binaire, au fond du temps – qui s’est installée après une descente précise, nerveuse, calée sur l’effondrement du pare-brise. Son gros calibre se balance au bout de son bras, ses cheveux sont tirés en arrière.