lundi 4 mai 2015

Faire le premier pas, c’est déjà arriver au but

Une note, de 2009:

"Tout s’enchaîne et tout devient plus clair, à chaque instant. Faire le premier pas, c’est déjà arriver au but. Je comprends de mieux en mieux ce que Gustavo voulait dire par là.

En parlant de ça avec Celia, ce matin, au lit, j’ai mieux compris mon passage par trois étapes. D’abord, l’envie de vivre des choses plus fortes, plus entières, vivre plus à fond, mais on commence à s’en lasser, les expériences commencent à se répéter.

Ensuite, vouloir sentir mieux et plus, chaque détail, de plus en plus fort, amplifier chacun des détails du monde qui arrivent à moi, vivre les choses de manière forte et entière, quelles qu’elles soient, mais il y a un épuisement qui s’installe, une frustration par rapport à ma propre incapacité de vraiment sentir les choses entièrement.

Enfin, l’étape où je sens commencer à me trouver, c’est de me rendre compte à quel point c’est mon vouloir vivre qui m’éloigne de la vie, à quel point cette différence entre ce que je vis et ce que je voudrais vivre s’installe dans chacun des moments, dans ce regard que je jette par la fenêtre et que je voudrais plus entier, dans ce soleil que je voudrais sentir plus en profondeur, dans mon amour pour Celia dont je voudrais qu’il me traverse: c’est, seconde après seconde, cet écart entre ce que je voudrais et ce qui est qui m’éloigne du monde, c’est le principe de la Ferrari, de la maison et de l’écran plasma qui se répercute à un niveau microscopique, dans chaque geste, dans chaque regard, dans chaque pensée. Je suis celui qui construit à chaque instant mon propre éloignement du monde, je suis responsable de cette séparation de l’entier du monde.

L’étape d’après sera la perte de conscience la différence, elle viendra sans doute bien plus tard. Mais qui sait? Je comprends mieux aussi ce que me disait Gustavo sur mon désir d’arriver à quelque chose, que c’était ce désir qui m’éloignait de mon but. Il parlait des sutras, de la méditation et des états zen et j’ai cru qu’il se trompait parce que je ne ressentais pas ça dans ce domaine en particulier vu que ça me semble tellement éloigné, que c’est dans une dimension très éloignée de moi – mais là, juste maintenant, je n’en suis plus si sûr.

Je me rends compte à présent que son intuition était juste, sur le mécanisme, à ceci près qu’il projetait ses propres buts comme point d’action de cette dynamique. Il me reste à traduire son intuition dans mes termes à moi, dans mon univers à moi avec mes buts à moi, ce que je suis en train de faire."