jeudi 17 mars 2016

Le monde a renoncé à me séparer

De pas en pas, une hésitation. Il y a les champs sous le soleil, les montagnes blanches sous le soleil, éblouissant, de plus en plus éblouissant, et les rues de notre quartier de Buenos Aires, puis les rues de la banlieue de Buenos Aires, puis de la grande banlieue qui sont à présent des rues de terre.

Un pas dans les rues, un pas dans les champs, un pas dans les rues, un pas dans les champs, jusqu’à ce que les rues deviennent des champs et que les paysages se rassemblent sous les deux lumières, celle qui découpe les étendues et celle qui caresse les courbes des collines et
des lacs.

Quand les deux soleils n’en font plus qu’un, une femme à côté de moi lève ses bras au ciel et je regarde l’endroit où la rondeur de son sein se creuse sous son aisselle. Un paysage entier est là: je n’ai plus besoin du reste de son corps. J'ai cessé de marcher, cessé d’hésiter, le monde a enfin renoncé à me séparer.