mardi 5 avril 2016

La nuit modifie les proportions

Il y a, de chaque côté de la rivière, la nuit imprécise des chaînes de montagnes toutes proches.

En traversant le pont, entre les rambardes d'un blanc fantomatique,  je sens que la nuit modifie en profondeur les propositions. Un pas après l'autre, je cherche les mots pour rendre cette impression et puis je renonce. Prendre note quelque part, par exemple ici, et attendre que ça prenne forme.

Sur le chemin du retour, on passe de nouveau à côté de la barre jaune de la station-service au bord de l'autoroute.

Pour Celia, c'est un non-lieu qui ressemble à tous les autres, ça la rend triste, d'autant plus triste que la nouvelle sortie qui se construit sous nos pieds va enterrer de longues promenades sur son petit vélo de petite fille, les cheveux au vent.

Pour moi, c'est un contraste intéressant qui structure l'espace incertain, les masses vaguement inquiétantes des montagnes et de la nuit, le point de départ d'une scène, l'intuition d'une histoire à portée de main.